En ce mois de Mai 2024,
allons à la découverte de l’église de Verneuil-en-Bourbonnais
Verneuil, qui appartenait autrefois au diocèse de Clermont, devient le siège d’une châtellenie au XIIIe siècle grâce au duc Louis II de Bourbon. Le château est attaqué ruiné en 1465 lors de la guerre du Bien public, et ne sera jamais reconstruit.
Cette église collégiale est fondée par Guy de Dampierre puis par Archambaud IX, sires de Bourbon en 1246. Alors qu’il était prévu un collège de 60 chanoines, le nombre n’excéda jamais vingt puis douze.
C’est un édifice roman construit en plusieurs étapes, du XIIe au XIVe siècle, avant qu’on ne lui adjoigne une chapelle latérale au XVe siècle. L’entrée de l’église s’effectue par une porte latérale en plein cintre au nord, soulignée par un cordon mouluré. L’intrados retombe sur deux colonnettes surmontées de chapiteaux. Le tympan est orné d’un quadrilobe inscrit dans un cercle positionné de manière asymétrique. À gauche, le tailloir est orné de billettes. Les pentures en métal sont médiévales.
Eglise Saint-Pierre
Porte latérale nord – Entrée de l’église
La nef et le collatéral nord comptent quatre travées. La grande nef, le chœur et l’abside remontent à la première campagne de construction, hormis la voûte en berceau brisé qui est un peu plus tardive. Elle date peut-être du moment où l’on a adjoint à l’église le collatéral nord. La voûte de la nef aurait alors été reconstruite en berceau brisé renforcé de doubleaux. L’abside en hémicycle s’ouvre par un arc surbaissé extradossé d’un mur percé d’une fenêtre. Les arcatures romanes retombent sur des pilastres, la plupart à double décrochement, couronnés d’impostes chanfreinées. Elles ont été ouvertes, au nord, lors de la construction, au XIIe siècle, du collatéral qui, pour sa part, est voûté en plein cintre continu L’arc ouvrant le chœur est surmonté à l’Est d’une fenêtre carrée. Les trois ouvertures de l’abside ont été agrandies au XIVe siècle et transformées en baies à meneau central.
Au XIVe siècle, la façade occidentale a été refaite pendant que l’on construisait un clocher contre le mur occidental du bas-côté nord. Celui-ci est édifié en saillie, au nord-ouest de l’église, plaqué contre le pignon. C’est une construction à base carrée, contrebutée aux angles par de lourds contreforts à triples ressauts. L’étage supérieur est octogonal, chaque face étant percée d’une fenêtre en plein cintre, aux contours moulurés. La transition entre la base carrée et le sommet octogonal est ménagée par quatre glacis d’angle
À la base du clocher, se trouve la chapelle Saint-Nicolas, lieu de sépulture de la famille de la famille Chaumejean. Deux chapelles latérales ont été accolées au flanc méridional de la nef ; l’une d’elles, dédiée à sainte Marguerite, a été construite par les Montjournal, seigneurs des Aix ; elle est éclairée par une grande baie au réseau de style flamboyant.
Nef
Chœur
Collatéral nord
Voûte en berceau brisé
Arcature romane
Clocher
Chapelle dédiée à Sainte-Marguerite
L’église conserve quatre peintures murales, datées du XVe siècle. Dans la chapelle St-Nicolas, à la base du clocher, se voit une crucifixion, avec, à proximité, un chrisme et l’inscription : « Deo gratias », en caractères gothiques du XIVe siècle. Dans la nef, ont été peints sur des piliers, saint Michel pesant les âmes lors du Jugement dernier, st Claude, évêque, assis dans sa cathèdre, tenant sa crosse de la main droite, lisant dans un livre qu’il tient dans l’autre main, et ayant à ses pieds un écusson non identifié et un donateur agenouillé présenté par son saint patron, peut-être l’archevêque de Lyon Charles II de Bourbon, dont la représentation est proche de celle qu’on voit sur un vitrail de la cathédrale de Moulins, peut-être inspiré de l’atelier du Maître de Moulins.
Saint Michel
Saint Claude
Un donateur agenouillé
Le maître-autel est roman, parallélépipède de pierre entouré de huit colonnettes couronnées chacune d’un chapiteau. La face antérieure a été peinte vers 1890 par Pierre Guillaumier, conservateur du musée de Moulins et artiste, originaire de Verneuil. Il y a représenté le Christ, saint Pierre et saint Paul.
Maître-autel
On découvre dans l’église plusieurs statues anciennes : saint Pierre (ISMH), un groupe de l’éducation de la Vierge (ISMH), saint Sébastien, en bois peint et doré (XVIIIe siècle) (ISMH), représenté en soldat, casqué et botté, avec une cape à revers rouge, tenant un couteau dans sa main droite et une grappe de raisin contre lui, de la main gauche, ce qui rappelle l’activité viticole de la région, saint Augustin, statue de pierre blanche, tenant un livre contre lui de la main droite et contemplant un cœur, une Pietà de pierre blanche, mutilée (ISMH). Une autre Pietà en bois doré et peint, remontant probablement au XVIIIe siècle (ISMH), montre le Christ reposant à terre, la tête appuyée contre la Vierge. Sur l’autel de la Vierge est posée la statue d’une sainte en extase, ou Vierge de l’Assomption (XVIIIe s.) (ISMH). Dans la niche de ce même autel, on voit une statue de la Vierge à l’Enfant en bois doré (Cl. MH). S’ajoutent quelques statues de plâtre peint. À l’extérieur de l’église, on note la présence d’une statue métallique de la Vierge présentant l’Enfant, posée sur un piédestal, avec l’inscription : « Reconnaissance à Notre-Dame, mai 1899. »
Saint Pierre
Education à la Vierge
Saint Sébastien
Saint Augustin
Pietà de pierre
Pietà en bois dorée
Vierge de l’Assomption
Vierge à l’Enfant
Vierge à l’Enfant extérieur de l’église
Deux tableaux de forme carrée, dans un cadre de bois orné, représentent st Pierre et st Paul. Une autre toile de qualité (vers 1630) montre la guérison du paralytique à la piscine de Siloé (Cl. MH) Il s’agit d’un épisode est de l’Évangile de st Jean § 5, 1 – 18, assez rarement illustré, même si le texte riche de détails topographiques tels que nombre d’arcades du bâtiment.
La toile représentant saint Augustin et sainte Gertrude (ISMH) offre des couleurs claires et des traits nets. La scène semble se passer dans une chapelle, devant un autel revêtu de velours vert. À gauche, le saint, agenouillé, portant un vêtement noir et une cape rose, tenant la crosse contre son épaule droite, a posé sa mitre à terre et tient un cœur dans sa main gauche, l’élevant vers la Vierge à l’Enfant assise sur un nuage ; la Vierge est vêtue de rose et l’Enfant de bleu. Celui-ci tend les mains en direction de l’évêque, tandis que la Vierge laisse tomber des fleurs sur la tête de la sainte qui se trouve à droite du tableau, agenouillée, les mains ouvertes, son livre posé à terre et levant les yeux vers le ciel. Sur son vêtement, de couleur noire, on distingue un cœur. Sa crosse abbatiale est posée à terre un peu devant elle. Une toile représentant l’Annonciation d’après Orazio Gentileschi (vers 1565-1647) a été découpée, seul subsiste le cadre dans la chapelle sud.
Saint Pierre
Saint Paul
Toile – Guérison du paralytique à la piscine de Siloé
Toile Saint Augustin & Sainte Gertrude
Seuls deux vitraux sont historiés. Ils montrent saint Guillaume, en évêque dominant une scène où, habillé en religieux, il fait l’aumône, et la Vierge, le cœur percé d’une épée, avec l’inscription : Mater dolorosa.
Saint Guillaume
Vierge ayant le cœur percé
Les deux cloches datent de 1868 et de 1872. Une cloche gothique, datant de 1508, signalée en 1854 semble avoir disparu : elle portait l’inscription latine : « Sainte Marie, secoure les pauvres, viens en aide aux craintifs, rend leur force aux faibles. » (CA 1854, p. 130).
A la différence des vestiges du château très ruinés, plusieurs maisons de chanoines entourent encore le côté nord de l’église, et toujours habitées, perpétuent le souvenir de la communauté disparue.